Point d’étape, août 2025
On a coutume d’entendre que l’obtention d’une AOP demande une dizaine d’années… voire davantage ! A priori, cela paraît bien long, mais nous vous en expliquons les raisons dans cet article. Et nous en profitons pour préciser à quelle étape le Gwell est arrivé !
L’Appellation d’Origine Protégée (AOP) est un signe officiel de qualité reconnu dans l’ensemble de l’Union Européenne, qui désigne et protège un produit dont toutes les étapes de production se déroulent dans une aire géographique définie, selon un savoir-faire reconnu qui lui confère ses caractéristiques. L’INAO est l’Institut national de l’origine et de la qualité, en charge de la reconnaissance et de la protection des signes officiels d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO), dont font partie les AOP.
Lorsqu’un collectif souhaite solliciter l’obtention d’une AOP pour un produit, il doit se manifester auprès de l’INAO et s’engager dans un processus long et structuré, qui mobilise intensément les opérateurs concernés.
Les producteurs de Gwell ont décidé de se lancer dans l’aventure des SIQO en 2018, après 2 années d’études et de réflexions destinées à sécuriser et protéger leur produit.
1ère étape : s’organiser collectivement !
Les producteurs de Gwell se sont regroupés en association pour défendre et valoriser le Gwell, les savoir-faire associés et leur territoire. Ainsi est née l’Association des Paysans Producteurs de Gwell (APPG), en avril 2019, destinée à devenir l’organisme de défense et de gestion (ODG) en charge de la future AOP.
2ème étape : définir un cahier des charges
Cette étape est longue et fondamentale, car elle consiste à rédiger un document complet et détaillé précisant notamment l’aire géographique de production (définie par des critères naturels, historiques, humains… la fameuse notion de terroir !) ; les méthodes d’obtention du produit (concernant le Gwell : le mode d’élevage des vaches et la recette du Gwell) ; ses caractéristiques sensorielles ; les règles de contrôle et de traçabilité.
Ce cahier des charges doit en particulier démontrer le lien direct entre la qualité du produit et son terroir.
Les producteurs de Gwell ont consacré de très nombreuses réunions – entre 2019 et 2024 – pour parvenir à un projet validé collectivement lors d’une Assemblée Générale de l’APPG en mars 2024.
3ème étape : déposer la demande nationale auprès de l’INAO
Depuis 2018, l’APPG est accompagnée par les agents territoriaux de l’INAO, qui veillent au bon avancement du dossier et apportent à l’association leur précieuse expertise. Dès lors que le dossier a été validé par les producteurs de Gwell, puis mis en forme selon le format requis, il est étudié dans un 1er temps par une équipe projet de l’INAO, qui s’assure de la recevabilité du dossier. Cette étape a débuté en septembre 2024, et se poursuit actuellement via divers « aller-retour » entre la délégation territoriale de l’INAO et l’APPG.
A la date de rédaction de cet article, Le Gwell est précisément en train d’achever cette étape !
Il reste encore plusieurs étapes à franchir, dont voici les principales :
Finalisation de l’étape 3 :
- Lorsque le dossier sera jugé recevable par la délégation territoriale, il sera étudié par les instances nationales de l’INAO, d’un point de vue technique et juridique. Une commission d’enquête composée d’experts se rendra alors dans l’aire géographique pour rencontrer les producteurs de Gwell et étudier le dossier sur site.
- Suivra une enquête publique offrant la possibilité aux acteurs concernés de donner leur avis sur le projet d’AOP.
- A la suite de ces étapes, un arrêté ministériel paraîtra, notifiant ainsi l’obtention de la reconnaissance à l’échelle nationale.
- Dès lors, un organisme certificateur indépendant sera mandaté pour réaliser des audits d’habilitations destinés à vérifier la conformité des producteurs engagés dans l’AOP vis-à-vis du cahier des charges. À ce stade, le produit pourra obtenir une Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) au niveau national.
4ème étape : reconnaître l’AOP à l’échelle européenne
A l’issue de la 3ème étape, le dossier sera transmis à la Commission européenne, qui vérifiera sa conformité avec les règlements européens, puis publiera le cahier des charges au Journal officiel de l’Union européenne pour consultation et éventuelles oppositions d’autres pays.
5ème étape : enregistrement et obtention de l’AOP
En l’absence d’opposition, le produit sera inscrit au registre des AOP de l’Union Européenne, ce qui offrira aux producteurs la possibilité d’afficher le logo européen de l’AOP sur les étiquettes de produits, ainsi qu’une protection juridique contre les usurpations de nom dans au sein de l’Union européenne.